Petite réflexion d'automne.
Rapide historique concernant l'utilisation de l'insémination artificielle en semence congelée chez les chevaux... et donc les poneys!
En France, la monte artificielle a été autorisée pour l'espèce équine en 1986. Elle s'est développée après 1990, l'IAC ayant connu un développement exponentiel après 1993: on est passé de 33 IAC en 1992 à plus de 8000 en 2018 (source annuaire Ecus 2019)!
Le protocole pour optimiser la fertilité en IAC préconisait : 8 paillettes de chacune 50 millions de spermatozoïdes soit 400 millions de spermatozoïdes par dose d'insémination. Avec parfois 2 IA par cycle (Vidament, 2005). Pour un objectif de fertilité de 45% par cycle.
Les pratiques ont évolué: aujourd'hui on insémine souvent avec seulement 4 paillettes, voir parfois une seule, beaucoup d'étalons étant commercialisés avec une quantité de semence limitée.
J'ai fait un peu de biblio dans les publications des Haras Nationaux principalement.
Ce que j'en retiens:
CERTES la fertilité à l'IA est fonction
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de l'étalon
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de l'éjaculat
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de la technique de monte
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du nombre d'inséminations pratiquées
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de l'intervalle dernière insémination-ovulation (les spermatozoîdes ayant une durée de vie de 12h après décongélation, il est essentiel d'inséminer au plus proche possible de l'ovulation)
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de la jument
MAIS la fertilité est AUSSI dépendante du nombre de spermatozoïdes inséminés.
Aujourd'hui suivi ovarien rapproché et induction de l'ovulation sont des facteurs de réussite indispensable à l'IAC avec une quantité de paillettes restreinte.
Ce qui j'y vois comme conséquences en tant que propriétaire de juments:
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je passe trop de temps à promener mes juments au printemps pour des suivis ovariens presque quotidiens en fin de chaleur
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l'induction des ovulations me pose problème
Lecture d'un résultat d 'enquête pratiquée dans le cadre d'une thèse à l'école vétérinaire de Toulouse (Pratique de l'insémination artificielle chez la jument en France. Suzy Loigerot, 2017), auprès de vétérinaires pratiquant l'IA dans l'espèce équine: presque 43% des vétérinaires interrogés recourent à l'induction de l'ovulation de façon systématique!
Bien sur un bon vétérinaire va regarder avant de déclencher l'ovulation la taille du follicule, si l'utérus de la jument est infiltré, l'aspect du col.
MAIS mon interrogation grandit quand mon étalon Paps Late, qui est un excellent souffleur, me dit que non ce n'est pas encore tout à fait le moment alors que tous les voyants sont au vert pour mon inséminateur!
Et QUID sur du long terme du développement possible d' une immunité anti-hCG suite à l'utilisation du chorulon, inhibant ainsi son action, sur les vieilles juments ou les juments traitées plusieurs fois au cours d'un cycle pour induire l'ovulation?
Il y a bien des espèces (les chèvres par exemple), où on limite le nombre de traitement dans la carrière de l'animal pour optimiser les résultats de fertilité. Chez les juments on en parle peu.
Je reste évidemment convaincue de l'intérêt de l'IAC en élevage, mais j'ai l'impression que privilégier la quantité de semence disponible reste le meilleur levier pour améliorer la fertilité pour nous éleveurs.
Pour cette raison Paps Late sera proposé en 2021 en IAC, avec un contrat de 3 doses de 8 paillettes.
J'entends déjà les mauvaises langues dire... 24 paillettes,... c'est qu'il n'est pas fertile... euh... non! Fin de la discussion